Impressions

Catherine Fache.

La figure debout est, de longue date, la préoccupation de Thérèse Chotteau. Depuis 1991, à la suite d'expositions et de rencontres entre artistes belges et japonais, ses investigations se déclinent le plus souvent dans la dualité.

A Tokyo, dans une ancienne école, elle installe une femme debout face à une pierre dressée. Tête à tête d'images et d'emblèmes. La distance qui sépare ces figures de plâtre matérialise l'espace qui les englobe. Elles échangent leurs ombres et taisent leurs certitudes. Lors de l'épisode bruxellois, un arbre de plâtre au feuillage épars rivalise de verticalité avec les colonnes du Cinquantenaire. Sur le tronc frêle, une écriture serrée, report de correspondance, raconte un indispensable dialogue avec l'espace et inscrit ce pilier naturaliste dans une (autre) histoire.

Toujours, sur le plâtre ou le bronze des sculptures, foisonnent toutes sortes de notations. Thérèse Chotteau aime "peaufiner": elle crayonne, colore, grave, griffe, graphite ou graffite.. Dans des monotypes - comme la mise à plat d'une écorce - elle donne autonomie à la surface qui d'enveloppe devient support. Alors que les croquis de ses cahiers évoquent d'emblée ce que sera la sculpture, ici le dessin explore la bidimensionnalité. Il se situe à mi-chemin entre la représentation d'un objet et celle de son image sculptée. N'en va-t'il de même pour sa sculpture? Entre réalité et effigie.


Standing figures 1. Plâtre, monotype, 30x40cm. 1992.

Les deux séries d'estampes intitulées "Standing figures" procèdent du monotype. L'arbre et la colonne, la femme et le rocher, sont côte à côte, sur le même plan mais chacun dans un espace propre, comme dans un répertoire. Pour imprimer, l'artiste amalgame la technique du moulage qu'elle pratique habituellement. Le plâtre coulé garde l'empreinte d'un dessin. Les feuilles de plâtre une fois démoulées tentent vainement de se ressembler. Des gestes répétés et méthodiques renouvellent la découverte d'une image inconnue et organisent la sensation étrange de la démultiplication. Chaque oeuvre reproduit l'autre comme dans un jeu de miroirs.

Rocher, femme, arbre, colonne... nomenclature de figures inventoriées comme autant de reflets de nous mêmes. Ici images jumelées, là figure isolée, ailleurs scènes sculptées, toutes étrangement campées dans l'instantanéité. Face à elles, nous en sommes le modèle et la mesure. Elles font écho à notre expérience individuelle de l'espace.